31/08/2012

Ah! que ta mère soit foutue! Pauvre paysan, pars en guerre !

Cela fait trois jours maintenant que je suis dans l'appartement, à Grenoble. Cela fait trois jours que je croise mes profs, anciens comme nouveau. Il ne s'est pas passé un jour, j'entends bien un, comme l'indivisible chiffre, sans que je n'en croise pas un. C'est triste à dire quand même, n'est-il pas. Mais qu'en est-il en réalité ? Surtout que la rentrée approche alors il est normal qu'ils commencent à sortir de leurs bibliothèques poussiéreuses. Mon copain est parti aussi, la prépa l'appelle petit à petit. Enfin. Que de réjouissances dirons-nous.

Tout d'abord, il faut le dire, le souligner, le grasifier, l'italiquer : je stresse. C'est une chose normale dirons-nous. Si je ne stressais pas, la rentrée n'aurait plus de saveurs. Mébonkanmêm. Je crois que la Khâgne me fait peur. Il y a toujours cette peur de ne pas y arriver. De ne pas arriver à remplir les demandes des profs. Cette peur qui vous tord les boyaux quand vous apprenez que vous avez une colle avec Monsieur D., votre fameux prof de Latin. La peur de se dire : mais pour quoi travaillé-je ? La peur de ne plus avancer. La grande peur d'être à la ramasse par rapport aux autres, cette immense peur. Pourtant, nous sortons tous de « la même HK ». Nous sortons tous plus ou moins avec le même niveau, nous avons, pour la plupart, tous peu lu. Et pourtant, ces peurs subsistent. Cela fait plusieurs jours maintenant que mon sommeil est perturbé par divers rêves toujours plus fous les uns que les autres. Imaginez-moi courir dans un reg avec un ami qui n'en est plus un maintenant et se faire courser par un serpent avec la tête de mon prof de Latin. J'entends, bien entendu, un serpent qui est immense et qui peut aller sous-terre. Je crois que j'ai trop imprimé l'épisode de Charmed avec Cole dans les Enfers. Enfin. La prépa est une source d'angoisse pourtant je préfère prendre du temps pour moi et ne pas trop en faire dans le dernier moment. Je pense que le travail va arriver bien assez tôt et, comme l'a si bien souligné Sarah, il ne sert à rien de s'auto-procurer un « bourrage de crâne », comme les antibio, ce n'est pas automatique. Enfin bref. Il n'en reste pas moins que c'est effrayant de se dire, bon, je rentre en Khâgne. J'aimerais bien avoir un projet d'étude aussi. Pour me répéter, encore et toujours, je veux faire de l'Histoire. Mais quoi dans l'histoire ? Quoi, comme histoire ? L'époque antique, médiévale, moderne, contemporaine me plaisent toutes autant les unes que les autres. Ensuite, quels métiers ? C'est un vaste objet d'étude qui regroupe tellement de pratiques. Je pourrais très bien aller dans un musée. Je pourrais aller dans une bibliothèque pour me gaver de lectures la journée. Je pourrais enseigner l'histoire. Je pourrais faire de la recherche dans l'histoire. Je pourrais me consacrer à l'ethnologie... C'est vaste. Et puis où aller ? Là, est le problème. Il y a l'université, qui est un choix que je ne néglige pas voyant la conjoncture actuelle. L'université me fait peur. Après il y a l'ENS. Là-bas, c'est sûr que j'apprendrais en complément de l'université. L'ENS fait très peur. En sachant qui plus est que je ne pense pas pouvoir y arriver, sincèrement. Je ne cherche pas à faire de mauvaise foi comme j'ai tant pu le faire pendant l'année en : « L'ENS ? Mais de toute façon on va tous y arriver, voyons. C'est une chose simple ! » C'est un fait. C'est effrayant. Seuls les meilleurs peuvent y arriver. Et je ne suis pas de ceux-là. Pourtant, les trois lettres que forment ENS me tentent bien. J'ai envie d'essayer vraiment. Non pas en me disant, cette année je vais à l'université et je ne perds rien à tenter l'ENS. Non, ce n'est pas cela. C'est me dire que cette année je bosse pour l'ENS et si je n'y arrive pas, suivant résultats, je khûbe ou je vais à l'université. C'est totalement différent. Je pense que si je me fixe l'ENS comme objectif, même si on peut penser à cela comme une chimère, hein, on est d'accord, me motivera à bosser régulièrement, correctement. Après il y a l'option 3, l'école d'histoire spécialisée, je-ne-sais-plus-où. Mais bon, c'est extrêmement cher et je ne sais pas si je suis prêt à aller là-bas, si je ne sais pas exactement ce que je veux faire. C'est un dilemme. Et tant de raisons peuvent pousser d'un côté ou de l'autre. J'aimerais en parler avec mes parents mais ils ne comprennent pas comment je peux viser une école qui ne prend que peu de gens. Et ils ne comprennent pas non plus, à l'opposé, ma « non-ambition » d'aller à l'université. [ME TAPEZ PAS, CE SONT LEURS MOTS] Tout en refusant de payer une fortune en éducation. Donc bon, me voilà bien avancé. Après, en parler avec mes amis... je ne sais pas. Je trouve que cela fait prétentieux de se dire : « Je suis là pour tenter l'ENS ». Je sais bien que ce ne sont que des peurs que j'ai, mais elles n'en sont pas moins réelles. Tenter l'ENS c'est sembler viser la Lune (même si Amstrong est décédé, Paix à son âme). Le problème étant que la Lune ne sera atteinte que par quelques astronautes, tous les autres en resteront à des tests en navette. Voilà mon problème.

Ah! que ta mère soit foutue! Pauvre paysan, pars en guerre, Ta femme se fera baiser Par les taureaux de ton étable. Toi, tu te feras chatouiller le vit Par les mouches sibériennes Mais ne leur rends pas ton membre Le vendredi, c'est jour maigre Et ce jour-là ne leur donne pas de sucre non plus; Il est fait avec des os de mort. Baisons, mes frères paysans, baisons La jument de l'officier. Elle a le con moins large Que les filles des Tatars. Ah! que ta mère soit foutue!
Apollinaire, Les onze milles verges
Mon copain est parti comme je l'ai dit. Dans une dizaine de jours, cela fera six mois que l'on est ensemble. Et je peux vous dire que ça fait plaisir ça, hein ! Il n'en reste pas moins que ce week-end a lieu son WEI. (Week-end d'intégration) Et je flippe à mort. Je crois que je suis même plus stressé que lui (en même temps, difficile de stresser plus que moi). Je me dis que les HK prennent déjà beaucoup en une soirée. Ils ressortent content de cette soirée mais en même temps, en un week-end, il y a des risques pour qu'il y ait des problèmes, non ? (oui je vous demande de me rassurer, oh !) 'fin... ils partent en week-end, à cinquante, ils prennent le train, ils s'en vont. Moi, je n'aime pas ça. Du tout. Mais bon. Je vais tenter de calmer mes ardeurs fumeuses. J'fais un peu trop ma mère juive. J'ai demandé à mon copain où c'était pour visualiser sur une carte et de me garder son portable tout le temps. Oui, je me la joue à la Susan quand Julie part pour son stage d'été à Princeton. Mais bon, ji sui inquiet moi. Ce n'est pas comme si c'était un petit bizu de première année en HEC..., hein ! Enfin bref.

Pour Claire et Blanche, voici des photos de ma chambre. (: Ouais parce que j'aime bien montrer mes attributs.

Parce que Jacques Tati c'est un boss

Que mon copain aime faire des coeurs

Que Marilyn et Chaplin sont des icônes
 (les petites photos sont des photos d'enfance [C'est pour ça que ce n'est pas zoomé :D] )

Le Baiser de Klimt avec divers tableaux en carte postale
(et le dos du petit K. en live)

9 commentaires:

  1. Mais la khâgne c'est trop CHOUETTE ! Ca a été ma meilleure année de ma vie (rien que ça, ouais). En dehors de raison purement contingentes (rencontres, etc.), ce qui est vraiment plaisant c'est de n'avoir qu'un programme sur toute l'année, et donc d'avoir le temps, vraiment, d'approfondie (bon, tu resteras toujours un minimum sur ta faim, mais c'est le jeu), mais par rapport à l'hypokhâgne c'est plaisant. En plus, tu es quand même plus habitué etc. Le concours, ca donne un coup de fouet de temps en temps, et puis, plus ça avance, plus ca apparait surréalisme, et ça en deviendrait (presque) drôle. Pour l'ENS, vise-le si cela te motive, qui sait ? C'est un concours ! Je ne sais pas si tu désires faire une cube, ou si c'est parmi tes possibilités lorsque que tu réfléchis à l'année prochaine, mais comme j'étais sûre d'en faire une, je pensais au concours par étape: en khâgne, je m'étais donné l'objectif d'au moins être sous-a (je prépare ulm), et en cube, si les dieux sont avec moi, au moins être admissible. l'ENS est une belle école, c'est normale qu'elle nous fasse rêver (et puis, c'est quand même le but initial de la prépa), alors si te dire que tu vises t'aide, cela ne parait pas loufoque. Après, bien sûr, je ne te connais pas, et il y a toujours des contraintes, et rares sont les heureux élus, mais une bonne khâgne ce sont de bonnes motivations (réalistes ou non).
    Très jolie chambre, j'ai hâte de voir la mienne.
    Et puis, le programme d'histoire, il est TROP chouette, et ça, ça veut dire qu'on va passer une bonne année :)

    RépondreSupprimer
  2. Ja, je suppose que cela doit être trop cool. J'ai hâte de rentrer actuellement. Je commence à saturer des vacances, de lecture, sortie, glandage. J'ai besoin de recevoir, de voir des humains un peu avec qui échanger des discussions. Et la prépa, j'attends ça. :D Après, merci pour ton message, il me fait réfléchir, cela va sûrement m'aider à considérer l'orientation.

    Tu n'as pas encore vu ta chambre ? Et oui ! Le programme est génial. ♥

    RépondreSupprimer
  3. lambda/Bérénice1 septembre 2012 à 09:59

    Les kûbes aussi ont "la peur verte" au ventre! Et puis ce n'est pas prétentieux de viser l'ENS en prépa, puisque c'est normalement le but des CPGE ...

    RépondreSupprimer
  4. Fiou, je te souhaite une bonne année mon ptit Nicolas. Plein de bonnes choooses ! Tu ne vises que l'ENS, donc ? Pas d'IEP ou d'autres écoles ?

    Si tu me permets de parler de ma pomme (pour comparer, toussa), c'est drôle parce qu'avant j'étais assez "tentée" par l'aventure prépa mais plus j'y pense et moins je pense avoir envie de bosser autant alors que je ne suis même pas sûre d'obtenir le truc qui m'intéresse à la fin des deux années. Hmm je suis pas sûre d'être très claire mais tant pis.


    Hiii le poster de Kliiiimt je veuuuuuuux le mêmeeee !
    P.S. je suis flattée par telle dédicace haha :D

    RépondreSupprimer
  5. Vise l'ENS, tu ne perds rien. Et niveau histoire, tu devrais tenter l'Ecole des Chartes, je te vois bien là dedans :) Ne stresse pas outre mesure sur ce que tu feras dans un an : concentre toi sur ce que tu fais cette année, et réfléchis-y en cours (d'année, pas en cours de philo). La khâgne est une belle année où tu progresses chaque jour, c'est passionnant, même si c'est très intense. N'ai pas peur. Et je suis trop trop jalouse de ton poster de Klimt. Veinard !

    Claire, le travail est important en prépa, mais contrairement au lycée, il est passionnant. On est heureux de travailler parce que chaque devoir nous fait progresser (je t'assure qu'on le sent). Et puis tu ne t'ennuies plus, et ça c'est génial. A la fin des deux ans, tu n'as pas forcément d'école, mais tu ne fais plus d'erreur d'orientation (je voulais faire de l'anglais ou de la philo en sortant de TL, je veux faire des lettres et de l'histoire...), et avec un bagage intellectuel et une méthode vraiment conséquente. Pour moi, tous ceux qui ont le niveau pour une hypo devraient vraiment tenter au moins la 1° année de prépa. Et tu en fais partie, sans aucun doute ;)

    RépondreSupprimer
  6. Ohh Gustave Klimt :D ! Je ne peux pas vraiment avoir la prétention de te rassurer vu que je n'ai pas encore expérimenté ne serait-ce qu'une miette de ce qu'est l'hypokhâgne, alors, simplement, bonne chance pour ta rentrée en Khâgne !

    RépondreSupprimer
  7. Jolie piaule ! Je veut la même ^^! Bonne rentrée à toi en KH. Et viser l'ENS, je crois pas que c'est fou ou que ce soit prétentieux. C'est tout de même le but de la prépa... Mais reste dans le bon esprit : viser l'Ens, c'est super ! Moi, je ne le vise pas, c'est trop haut pour moi et surtout ca ne m'intéresse pas d'y rentrer (même si être payé pour aller en cours, je dois dire que...), mais beaucoup dans ma classe le visent, ça leur donne un motif de bosser et en cas de coup de pompe, se raccrocher à ça. L'histoire ? Vaste domaine, vise l’école des Chartes ou du Louvre si tu adores ça ! Mais, des prépas, j'en ai vu se la raconter parce qu'ils visaient l'ENS. Garde le bon compromis : l'ENS, c'est génial, mais la Fac, c'est peut-être la liberté (ou la jungle, c'est selon...) mais c'est tout de même une belle filière, surtout pour l'histoire.

    RépondreSupprimer
  8. Tout le monde redoute le grand saut, c'est magnifique ce que vous me dites là. Parce qu'avec ma coloc' on n'ose se croiser parfois de peur de se stresser mutuellement. Yeupi, yeupi.

    Sinon je me renseigne sur les écoles que vous avez citées et effectivement, elles sont attrayantes mais bon, y'a du chemin à faire. Et ce chemin ne pourra se faire qu'en deux ans.

    RépondreSupprimer
  9. Je rentre à l'internat cette année, donc même si je le connaissais par des amis, je ne savais pas sur quelle chambre j'allais tomber ;)

    RépondreSupprimer